La Lactoferrine? C'est quoi?
La lactoferrine, ça vous dit quelque chose ? Cette protéine, également présente dans le colostrum du lait maternel, joue un rôle crucial pour notre santé intestinale et notre immunité. Au cours de la dernière décennie, de nombreuses études ont été menées sur cette substance unique. Nous avons le plaisir de récapituler pour vous les principales constatations. Mais tout d’abord : qu’est-ce que la lactoferrine exactement et quelle est son action?
Présente dans tout le corps
La lactoferrine est une protéine qui fixe le fer, présente dans une grande mesure dans le lait maternel. La concentration de lactoferrine dans le lait dépend de la phase de lactation. Ainsi, il a été prouvé que le colostrum pouvait contenir jusqu’à sept fois plus de lactoferrine que le lait mature (1). Les cellules du corps humain peuvent produire de la lactoferrine, de sorte qu’on en trouve dans de nombreux organes et cellules du corps, comme les voies respiratoires, la salive, les larmes, les intestins, l’urine, le sperme, le pancréas, la bile, la prostate, les sécrétions bronchiques, les sécrétions vaginales, le sang du cordon ombilical, le plasma sanguin et les cellules du système immunitaire (2). La lactoferrine est présente partout là où le corps a besoin d’une protection rapide et efficace contre les menaces de l’extérieur.
Retient le fer et réduit propagation de bactéries
Sur le plan chimique, la lactoferrine est une glycoprotéine de la famille des transferrines, une protéine qui peut se lier à des ions de fer. Comme son nom le laisse supposer (lacto + ferrine = lait + fer), la lactoferrine est donc une protéine de lait qui fixe le fer, ce qui contribue à l’équilibre de la teneur en fer dans le corps (3). Détail intéressant : la lactoferrine peut retenir le fer jusqu’à des valeurs de pH de 3,0, ce qui est spécifique pour les zones infectieuses et inflammatoires (4). La protéine joue ainsi un rôle crucial dans les zones infectées et enflammées, où elle lie les ions de fer, inhibe la croissance bactérienne (bactériostatique) et réduit la prolifération de bactéries en enlevant le fer qui est utilisé pour la croissance de la bactérie (5-6). Le fer est notamment un nutriment important pour les pathogènes. La lactoferrine capture le fer de sorte que ces derniers ne peuvent plus proliférer. Cette capacité de la lactoferrine, également connue comme son activité antimicrobienne, influence la croissance et la prolifération de virus et de champignons (7).
Puissante action antivirale
La lactoferrine a une puissante action antivirale contre un large spectre de virus à ADN et à ARN tant nus qu’enveloppés. La lactoferrine inhibe la pénétration de particules virales dans nos cellules, par une adhésion directe aux particules virales ou par le blocage de leurs récepteurs cellulaires (8). En même temps, la lactoferrine a une fonction immunomodulatrice et elle joue un rôle crucial en stimulant les cellules qui sont impliquées dans l’immunité innée et acquise (9). Elle peut être mise en œuvre en cas d’infections gastro-intestinales, de grippes, d’infections des voies respiratoires, d’angines, etc. (10)
Les dernières années, de nombreuses études ont été mises sur pied pour examiner l’influence de la lactoferrine sur le coronavirus. Des mécanismes possibles de l’effet antiviral de la lactoferrine contre le SARS-CoV-2 sont : l’inhibition de la réplication virale par la liaison directe de la lactoferrine à son récepteur cellulaire ; une interaction directe de la lactoferrine avec le SARS-CoV-2 qui prévient la liaison du virus aux récepteurs ACE2 ; la liaison de la lactoferrine à des HSPG sur la surface de la cellule hôte, ce qui empêche le virus de pénétrer dans la cellule. Les récepteurs ACE2 sont entre autres présents dans une grande mesure sur les cellules épithéliales alvéolaires pulmonaires humaines. C’est pourquoi le virus SARS-CoV-2 peut également causer des problèmes au niveau des poumons. Ces recherches procurent en tous les cas une image positive de l’effet de la lactoferrine, tant sur le plan préventif que curatif. Des recherches plus détaillées seront indispensables dans un futur proche afin d’obtenir une meilleure vision de ces mécanismes (11, 12, 13).
L'influence de la lactoferrine sur la flore intestinale
La lactoferrine peut également atteindre les
intestins, où elle peut agir localement sur le microbiote et le système
immunitaire. De plus, elle renforce l’immunité de toutes les muqueuses dans le
corps (14). La lactoferrine protège l’épithélium intestinal contre les effets
toxiques d’espèces réactives de l'oxygène (ROS), de toxines bactériennes et
de xénobiotiques comme les médicaments
anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) (15-17). Il est important de
souligner que la lactoferrine offre également une protection contre les
infections du tractus gastro-intestinal, qu’elles soient virales, bactériennes
ou fongiques. Elle soutient le traitement des infections gastriques causées par
Helicobacter pylori (18).
Le mécanisme d’action de la lactoferrine peut consister, entre autres, en l’inhibition ou la destruction directe de cellules microbiennes, l’activation/inhibition du système immunitaire ou l’amélioration de l’épithélium intestinal par la stimulation de la production de protéines « tight junction » (jonctions serrées). Les jonctions serrées évitent que des pathogènes ne glissent entre les cellules intestinales. De plus, la liaison du fer par la lactoferrine peut provoquer un arrêt simultané de la croissance bactérienne, ce qui protège le corps contre les infections (19). En même temps, la lactoferrine peut également stimuler la croissance de micro-organismes bénéfiques pour l’intestin, comme Bifidobacterium et Lactobacillus (20).
La lactoferrine joue un rôle important dès la naissance
Les deux principales lignes de défense auxquelles notre corps se fie lorsqu’il entre en contact avec un antigène sont notre immunité innée et notre immunité acquise. La première est non spécifique, elle dépend de gènes hérités et offre une certaine protection dès la naissance. La lactoferrine est un composant important de l’immunité innée (21, 22). L’immunité acquise est spécifique (c.-à-d. qu’elle dépend d’antigènes reconnus), elle se développe toute la vie durant et permet une réaction précise aux pathogènes. On sait que le système immunitaire des nourrissons est immature. Contrairement à l’immunité innée, l’immunité acquise des nourrissons doit se développer (23). Pendant la maturation du système immunitaire, les enfants sont soutenus par les anticorps de leur mère. Dès la période fœtale, le bébé reçoit une série d’immunoglobulines IgG de la mère, qu’il utilise pour la défense immunologique pendant les premiers mois suivant la naissance. Au bout d’un certain temps, cette réserve s’épuise et le corps du bébé doit compter sur son propre système immunitaire en développement. Entre-temps, il reçoit des anticorps IgA par le biais du lait maternel. C’est pourquoi ils sont souvent qualifiés d’anticorps sécrétoires (24).
Il ressort de la recherche que les bébés qui sont allaités pendant les six premiers mois sont nettement en meilleure santé, grâce aussi à d’autres substances dans le lait maternel qui contribuent à soutenir le système immunitaire pendant cette période critique (24). La combinaison de ces éléments – les anticorps IgG qui ont été reçus avant la naissance et les IgA dans le lait maternel – constitue avec la lactoferrine une grande partie de l’immunité du nourrisson pendant les premiers mois de vie. La lactoferrine a ainsi un potentiel immunomodulateur, tant par l’influence sur la production de cytokines (principalement TNF alpha, IL-6 et IL-10) et d’espèces réactives de l'oxygène et sur les fonctions de ganglions lymphatiques que sur les fonctions de lymphocytes et de monocytes (24).
Conclusion:
1) La lactoferrine bloque les récepteurs de nos cellules afin qu'il soit plus difficile pour les pathogènes de pénétrer dans les cellules.
2) Le fer est un minéral important pour les virus, les champignons et les bactéries. La lactoferrine se lie au fer, nous protégeant ainsi contre ces organismes.
3) La lactoferrine assure un bon métabolisme du fer dans le corps.
4) La lactoferrine soutient notre flore intestinale.
5) La lactoferrine favorise l'immunité.
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Referenties:
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